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5. Le travail des pâtes (pigments), des glacis et des frottis :

1/5.L’empâtement :

 

Certain procède, au préalable, à une ébauche par une détrempe avec de la peinture à l’huile fortement diluée à la térébenthine ou à l’essence de pétrole ou encore à l’acrylique diluée à l’eau  leur permettant de « déterminer » les rapports de tons de la composition. Personnellement, je passe directement à l’empâtement sans que cela me pose de problèmes et au contraire me permet de ne pas pervertir les limites précises de mon graphisme. Néanmoins, il faudra analyser subtilement ces rapports de tons en ce concentrant et en travaillant longuement les pâtes sur la palette sous peine de constater ultérieurement les erreurs de diagnostiques et devoir recommencer certains empâtements insuffisant en contrastes.

Le traitement des pâtes : Tout a été dit concernant le traitement des pâtes ; chacun possède sa recette. On ne va pas ici polémiquer, je vous donne ma méthode.

Tout d’abord, quelques généralités sur l’aspect physico-chimique des pigments. Il faut savoir que lorsque l’on peint quotidiennement, on aime bien revenir sur une toile sèche or certains pigment sont très lents à sécher. D’autre part la complexité de l’art du trompe-l’œil de chevalet oblige à de nombreuses étapes (notamment pour certaines matières tel que le bois, la peinture écaillée, le métal rouillé, la pierre etc.), et le principe essentiel étant de faire succéder les étapes de la manière suivante : couche picturale fraîche sur couche picturale sèche ; ceci étant posé, on comprendra aisément l’importance de la siccativité des pigments.

Les pigments, selon leur nature sont très siccatifs. Lorsqu’on les associe à d’autres, qui ne le sont pas ou peu, il entraîne une accélération de la siccativité du mélange et ce sans adjonction de siccatif extérieur (tel que les siccatifs de courtrai blanc ou brun). Cela est très intéressant dans le cas de pigment à base de cadmium qui supporte mal chimiquement les siccatifs notamment à base de plomb. Vous pourrez en conséquence les mélanger avec ces pigments naturellement siccatifs.

Par exemple, la terre d’ombre naturelle,  le bleu outremer, les oxyde de fer sont très siccatif et en outre permettent de rompre les tons ce qui peut s’avérer utile dans ce type de peinture classique. Certains pigments sombre tel que le noir d’ivoire, très peu siccatif et les pigments jaune et rouge, également très peu siccatif et heureusement très peu sensible au brunissement du au manganèse (siccatif de courtrai brun) pourront être mélangé à ce siccatif puissant. Pour les pigments très peu siccatif tel que le blanc de titane ou certain bleus fragiles, on utilisera le siccatif de courtrai blanc (contient du plomb).

Pour assombrir certains pigments de manière manifeste sans adjonction de siccatif, on utilisera du noir de mars, pigment qui a l’avantage d’être opaque, pâteux, et très siccatif. On l’utilisera notamment régulièrement dans la réalisation de fond.

Enfin, l’emploie du siccatif se fait dans les proportions de 2 gouttes environs pour une noisette de couleur (1 à 5%).

J’aime travailler avec des pâtes épaisses et le plus opaque possible lors de la préparation de ces dernières sur la palette ; sur la toile tout au contraire, l’épaisseur de la peinture étalée doit être mince et les coups de pinceaux les moins perceptibles possibles; ma gamme de pigments en tubes pour l’empâtement est essentiellement opaque. Je renforce souvent cette opacité par une pointe de blanc de titane.

Le mélange de mes pâtes est très simple : du pigment sorti du tube ; si cette pâte est  trop

épaisse, j’y rajoute une pointe d’huile de lin pour l’allonger (favorise la siccativité, la brillance) ; si la pâte est un peu trop fluide , je n’y rajoute pas d’huile de lin ; si la pâte est très peu siccative, j’y incorpore une pointe de siccatif de courtrai brun ou blanc selon la composition chimique (voir ci-dessus les compatibilité) ; enfin selon la couleur exigée par le modèle représenté, je procéderai à des mélanges de pigments jusqu’à obtention  de la couleur désirée (en général, rarement plus de trois couleurs, d’ailleurs au-delà le mélange tend à  grisailler).

Le principe de base  de l’empâtement et des fonds est de réaliser 3 teintes dites teinte claire, teinte moyenne (la plus proche de la teinte original de l’objet) et la teinte d’ombre. Ces teintes en camaïeu sont issues de la teinte moyenne augmenté de blanc de titane ou assombri de noir de mars ou de tout autre pigment plus sombre. La teinte claire est souvent enrichie d’un pigment jaune ou ocre (pour réchauffer cette dernière) et associé à un siccatif  (courtrai blanc ou brun). Lors de certains empâtement complexes, on peut encore décliner les trois teintes de bases (claire, moyenne et d’ombre).Les lumières importantes ou les éclats lumineux (très marquée) ne se réalisent que lors d’étapes ultérieures et porte le nom de grand clair ou luisant et s’effectue également en pleine pâte. De la même manière les ombres importantes, très denses seront renforcées soit par des frottis (glacis riches en pigments et peu liquides étalés à la brosse) ou par des glacis traditionnels (pigments très dilués dans un medium étalés avec un pinceau éventail) : il s’agit également d’étapes ultérieures. Ces teintes seront amenées à être fondues entre elles ; pour cela on juxtaposera les teintes claires, moyenne et d’ombre selon l’ordre imposé par le modèle imité et on utilisera une brosse plus ou moins large (en général n°2 ou n°4) avec laquelle on mordra les deux teintes en question qui se trouvent juxtaposées en procédant à un zigzag  ou encore à des hachures régulières et continues sur une largeur variable allant de 4 à 8mm et sur toute la longueur de la fusion à réaliser. Ensuite on lisera avec la même brosse délicatement (si cette dernière est trop chargée de pâte n’hésitez pas à l’essuyer délicatement avec un morceau de papier type Sopalin le moins fibreux possible)  et enfin on passera le pinceau éventail pour amortir l’ensemble des coups de pinceau.

2/5.Les glacis :

 

Personnellement, je réalise peu de glacis ; tout l’art, contrairement à l’opinion général, et de ne pas s’aider ou le moins possible du glacis pour suppléer les carences techniques : J’ai constaté qu’une peinture traité en pleine pâte jusqu‘à ses ombres est beaucoup plus puissante à l’observation. Ceci n’exclue pas pour autant la réalisation de glacis pour récupérer des petites erreurs de tonalités ou apporter un supplément de profondeur à une ombre ou à une couleur et enfin certains glacis sont indispensables dans le cas d’ombre projetée sur des surfaces complexes présentant de nombreux détails (exemple : réalisation d’un drapé en kilt écossais). Cependant, il est tout à fait possible de réaliser des trompe-l’œil de chevalet en procèdent d’abord à un empâtement de l’objet sur la toile et ensuite de réaliser le volume par couches successives de glacis : cela rappelle la technique de la grisaille; mais ceci n’est pas d’actualité dans cet apprentissage.

En moyenne, j’utilise quatre types de glacis colorés pour l’ensemble de mes peintures, répondant à l’ensemble des problèmes que celles-ci peuvent poser :

 

-brun noir : oxyde de fer transparent, noir d’ivoire semi-transparent.

-vert brun noir : vert phtalo bleu, brun oxyde transparent, noir d’ivoire semi-transparent.

-bleu brun noir : bleu outremer foncé, brun oxyde transparent, noir d’ivoire semi-transparent.

-rouge brun noir : laque de garance foncée, brun oxyde transparent, noir de bougie semi-transparent.

 

Les pigments sont mélangés en proportions différentes selon les besoin ; il faut faire des essais au préalable sur un coin propre de la palette papier. Ce mélange se fera avec un médium de fabrication maison qui m’a été donné par Pierre Gilou (un des maîtres de la peinture de la réalité) et qui s’avère être efficace :

 

Huile polymérisée ¼

Térébenthine de Venise ¼

Huile de lin clarifiée ½

 

En fonction de l’ombre recherchée (forte ou légère), on allongera de ce medium le mélange des pigments. L’application se fera à la brosse et ensuite s’étalera avec le pinceau éventail. La zone du glacis est sèche au touché environs après15 heures selon l’air ambiant .Ne pas retoucher  ou renforcer le glacis par une seconde application avant trois quatre jours.

3/5.Les frottis :

 

Il s’agit d’une forme de glacis où il y aurait beaucoup de pigment et peu de medium ; me concernant, ils sont fabriqués des mêmes pigments que les glacis de ma composition (voir ci-dessus) mais avec très peu de medium. Ils sont passés à la brosse souple et estompés avec autre brosse usée ; il s’agit d’amortir le plus consciencieusement  les limites du frotti pour le fondre harmonieusement avec le fond. Le medium utilisé dans ce cas est tout simplement l’huile de lin.

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