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Biographie

Valéry Quitard, dit Vécu ; né à Perpignan en catalogne en 1960 ; vit ses dix premières années au Maroc, à Safi puis Tanger où son père travaille dans la coopération; retourne en France à l’âge de dix ans dans les Pyrénées orientales ; effectue des études de podologie à Paris qu’il pratiquera vingt ans à mis temps en peignant parallèlement; il cédera son cabinet de podologie en 2002 où il passera artiste professionnel à temps plein en contrat pendant dix avec une galerie parisienne avec une exclusivité pour la France ; La crise de 2008-2010 fera vaciller la galerie qui fermera ses portes peu de temps après. Parallèlement il travaille avec des galeries néerlandaises. Progressivement s’oriente presque exclusivement vers des galeries étrangères réalisant essentiellement des salons sur la France. En 2012, il déménage à Angoulême ou il vit et travaille. Gaucher, dyslexique et synesthésique, il ne lui restait plus que l’art pour s’exprimer !   

 

Moi-même, quelques mois d’existence …

1967 : Tanger, Maroc ; aussi loin qu’il m’en souvienne, je suis au fond de la classe et je dessine, ce qui me vaut les réprimandes de l’instituteur. Celui-là même qui, lorsqu’il organisa un concours de dessin, m’attribua le 1er prix, que je ne recevrai d’ailleurs jamais, occasionnant chez moi une sensation d’injustice (les adultes me paraissant bien peu fiables) : une boîte de crayons de couleur. J’ai alors 7 ans, l’âge de raison et suis riche de convictions : je serai dessinateur au grand dam de ma mère qui me voyait architecte.

1968 : Cette année, en classe de court moyen 1ère année en guise de punition, alors que je dessinais à l’abri de mon bras et du rempart constitué de l’épaule de l’élève situé devant moi, l’institutrice me confisqua mon dessin et se l’appropria. J’en garde un étrange sentiment indicible, mêlé de frustration et de fierté : un instituteur conservait mon « œuvre » non pas pour la froisser d’une poignée de main me signifiant le prix de mon infraction mais se l’a réservée ! : Il s’agissait du portrait crayonné de Léonard de Vinci dont j’avais réalisé plusieurs esquisses.

Portrait réalisé par Veronica Evans (1868)

Cette même année, mes parents firent la connaissance d’un couple d’artistes Moi-même, quelques mois d’existence …hippies à Tanger, époque épique du psychédélisme. Mon père commandita auprès d’eux la réalisation de portraits à l’huile de chacun des membres de la famille soit huit individus et de nombreuses épreuves à la sanguines de chacun de nous ; un souvenir pénible de devoir rester assis. Garder la posture pour un enfant est une gageure peu appréciée quand on sait que les petits frères s’amusent pendant ce temps ! Mais tout de même une expérience de ce que serait ma future passion et futur métier. 50 ans après, Je recherchais l’artiste qui me peignit via internet, enquête qui ne mena malheureusement nulle part.

À gauche, crayonné du paysage vu de la fenêtre de la salle à manger à Tanger (1968) –  à droite, Auto portrait

1970 : Mon installation en France. A Laroque des Albères, dans les Pyrénées orientales. Les années passent, les instituteurs aussi. L’un d’eux, séduit par mon intérêt pour l’art et mes capacités relatives à dessiner, s’épanche sur la peinture moderne, en critiquant le provocateur d’alors : Picasso en fera les frais. Il sera certainement le premier des peintres modernes à pénétrer mon monde d’enfant sans que pour autant je ne connaisse, ni cherche à découvrir son œuvre. Cette même année marque pour moi la découverte d’Hyacinthe Rigaud et de David avec respectivement Louis XIV et Napoléon Bonaparte dans des livres d’histoire. Combien fut grande mon admiration face au traitement des matières et au réalisme des tissus pour l’un, et à la composition théâtrale pour l’autre, présentant l’empereur juché sur sa fougueuse monture. Je commençais à m’orienter dans mes goûts qui seront déterminant pour mes futures inspirations qui peu ou prou ne changeront guères.

Crayonné d’un bateau

1971-73 : ce furent les années de tous les styles et l’ouverture vers un monde de l’art au spectre beaucoup plus large ; improvisations et découvertes, de la caricature à l’étude anatomique notamment des mains, de l’art religieux à l’art psychédélique, de la sculpture d’un MICHEL ANGE aux architectures de cathédrales gothiques et leurs sculptures, sans oublier la fascination de voir sur le petit écran lors d’émissions dédiées, un MORRIS, UDERZO ou PEYO tracer les lignes somatiques de mes héros de bandes dessinées sur de grands tableaux à l’aide de feutres, st se donnant la réplique graphique en alternance. Crayon, feutre, stylo Bic, encre, gouache, tous les mediums sont testés au service de styles picturaux quelque peu anarchique digne d’une jeunesse en genèse.

Moi-même vers 12 ans

1974-79 : Je quitte Laroque des Albères pour la capitale régionale, Perpignan. Toute l’époque de la scolarité s’avèrera représenter une mine d’inspiration artistique à défaut de passion littéraire ou historique. Les ouvrages scolaires de littérature et d’histoire, notamment leurs illustrations, sont pour moi autant de portes ouvertes sur le monde des arts. Je me plaisais à illustrer, toujours au fond de la classe, les poèmes, actes de pièces de théâtre, recueils de prose choisie, sur un mode surréaliste car à cette époque, ma nouvelle « coqueluche », se nommait Dali. En fait, tout l’univers qui gravitait dans sa mouvance captait mon intérêt. J’étais adolescent et le monde s’ouvrait à moi. Le dessin s’affirmait être ma passion mais à 15 ans, l’apprentissage de la guitare doucement s’affirmait en prenant un peu plus de place dans mon espace artistique.

 

A gauche, dessin au stylo Bic et à droite, dessin au stylo plume

1980 : l’armée, que je vis comme une condamnation ; un an où seule la découverte de la magnifique ville de Nîmes, lieu de mon service national, me permit de renouer avec une vie artistique au travers de l’architecture que cette agglomération offre à ses visiteurs ; Nîmes mais aussi ces alentours. Je n’avais, je l’avoue, jamais vraiment pris conscience du monde architectural qui m’environnait : ce fut une nouvelle révélation qui me poursuivit et il ne fut ensuite, plus jamais possible que je ne visitasse une ville, un village, sans porter le regard du trottoir qui bordait une maison à la génoise de son toit en passant par les ferronneries de son balcon pour finir dans l’église locale, petit musée à elle toute seule où tableaux, sculptures, céramiques, ferronneries, orfèvrerie, et ébénisterie se côtoient pour meubler ses travées et chapelles !

1981 : Paris ; ma vie, durant mes études sur Paris m’avait opportunément permis de vivre dans un appartement dans le marais loué à un « prix de Rome » de sculpture dont l’épouse était une spécialiste de la peinture sur verre ; d’autre part, ma compagne d’alors effectuait des études de styliste de mode après avoir fait les beaux-arts à Perpignan; je me retrouvais malgré moi dans une ambiance artistique. En effet, cette période très particulière où mes études de podologie m’accaparèrent, je ne dessinais plus. Ce fut donc quelques années sabbatiques que j’entamais abandonnant le dessin. Je réservais mon temps libre à jouer de la guitare, instrument que je découvris à 15 ans et qui ne me quitta plus d’ailleurs. Je ne sus jamais briller avec mais elle fut une compagne fidèle bien que je ne pratiquais que peu mes gammes pour en améliorer mon jeux.

Nous sommes donc dans la décennie 80, en pleine effervescence du mouvement de la « figuration libre » menée par les frères DI ROSA, COMBAS ou encore SPEEDY GRAPHITO que je découvris à Paris. Ce dernier, par des séries de graffitis d’inspiration ethnique sur les palissades de l’Hôtel Salé en réfection, futur Musée PICASSO dans le Marais à Paris, m’intéressa plus particulièrement.  Il exposait dans une galerie face aux jardins de ce majestueux hôtel particulier. J’observais d’un œil gourmand ces dernières tendances avant que l’artiste ne soit ravi par le ministre de la culture d’alors, Jack Lang, pour son initiative de la « Ruée vers l’Art ». À la même époque, les frères DI ROSA ouvraient leur boutique « supermarché d’art en série » dans le quartier de Beaubourg, tandis que la cote de COMBAS s’envolait.

1984 : mes études terminées mais toujours à Paris, je m’inspirais donc de ce mouvement artistique, de cet univers comme la jeunesse surfe sur la vague de la mode moderniste, bien naïvement. Mais cela fut réellement le début de mon aventure de peintre qui ne me lâcha plus ! A cette même époque je me passionnais de bande dessinée, et particulièrement de la ligne claire pratiquée par les auteurs belges dont le leader était Hergé et, je le confesse, je me suis inspiré de lui pour mon pseudo : j’ai pris mes initiales et en phonétique cela donna « Vécu » … ou  « Cuvé » : le choix ne se posait plus ! Ainsi ai-je pu affirmer que mon pseudo définissait mon « œuvre » et en serait le point d’orgue à la fin de ma vie: mon « Vécu ». Je me réattelais au dessin, au modelage de la terre, et pratiquais la photo argentique et son développement artisanal.

1985 : Mes études terminée, après quelques remplacements et vacations de podologie sur Paris, me voici de retour sur mes terres d’origine, en catalogne. Cette même année, dans de tristes circonstances j’hérite d’une boîte de peintures à l’huile, d’un chevalet et d’une encyclopédie d’art: Un de mes frères, ainé de deux ans, décédait ; il avait fait les beaux-arts de Perpignan. Commence alors pour moi, certes dans une atmosphère pesante et douloureuse, une ère nouvelle. Je m’initie à la peinture à l’huile !

 

 

A gauche, « La vengeance des chiens sur leurs tortionnaires » huile sur toile (8f) et à droite,  « Les jours heureux » huile sur toile (50f)

1988 : Village de Saint-Estève Del Monastir dans le Roussillon. Déjà d’autres horizons picturaux se profilent. La « figuration libre » n’est qu’une étape, un essai, un courant initiatique dans mon cursus. L’appel des encyclopédies d’art me plonge dans le monde des fresques de FRA ANGELICO, de GIOTTO avec ces architectures, ces paysages un rien naïfs aux couleurs étonnantes. Je glisse irrésistiblement vers un style « baroque », où influences médiévale et Renaissance se mêlent à l’air du temps, tout à la gloire des volumes, des motifs et des couleurs.
Mais les inspirations sont en peinture ce que sont les amours adolescentes : elles nous initient, nous mûrissent, nous orientent, mais souvent ne durent pas.

Triptyque au titre oublié –  218x116cm huile sur toile

Durant cette même période, je m’initiais à la céramique, aux émaux et au vitrail et commettais un pastiche de Tintin « l’affaire de Tournesol » en « l’affaire Arachide » dont je n’oserai dévoiler l’esprit quelque peu ordurier comme la mode l’était à cette époque à l’instar du journal « Hara kiri » ou « droit de réponse » de Michel Polack ! Ce dont je ne m’enorgueillie pas à la réflexion aujourd’hui.

Auto portrait Caricature

1991 : Je découvre enfin le trompe-l’œil de chevalet, au travers de l’œuvre de Jacques Poirier sur Paris lors d’un séjour dans la capitale à la galerie Alain Daune, avenue Matignon. Cadiou et Gilou suivirent dans mon panthéon d’artistes sacrés – J’accompagnerai d’ailleurs ce dernier dans de nombreuses expositions organisées par la galerie Terre des arts au sein de son écurie d’artistes spécialisés dans cette discipline de la peinture de la réalité. Cette découverte fut la révélation ! Pour accéder à cette discipline, un saut technique signifiant est obligatoirement nécessaire. Dès lors, je n’ai eu de cesse de faire évoluer mon savoir-faire au service de mon inspiration, cherchant à être fidèle à la locution latine : « consilio manuque » : fait à la main avec habileté, quête spirituelle dont l’approche rigoureuse concède toute sa valeur à cette forme d’art, jamais définitivement acquise, toujours en devenir.

Trompe-l’œil de chevalet (titre ?) huile sur toile (6f)

A partir de cette même époque et se poursuivant sur les 30 ans qui suivront, je commettrai des peintures sur carreaux de céramique, sur des assiettes, réalisant frontons de fontaine, plateaux de table en ferronnerie ou décors de crédence. Egalement je me suis essayé à la mosaïque de pâte de verre. Dans mon élan créatif, je pris beaucoup de plaisir à patiner des meubles, les agrémentant de motifs divers mais également dans une même veine, j’ai réalisé des reliquaires pour abriter des objets de cabinets de curiosité qui constituent une de mes petites occupations et m’amusais à détourner des petits meubles en les décorant afin de leur donner de nouvelles fonctions. Enfin, je me suis essayé au travail du cuir   dans des réalisations marginales telles que des chaussures miniatures ou des petits sacs à dos.

 

 

 

 

 

 

 

 

En haut à gauche, Panneau de céramique 85x85cm d’après des motifs de la renaissance espagnole ; en haut à droite meuble chinois aux motifs de singerie du 17 et 18ème siècles ; au milieu, meuble de style Louis XV aux motifs d’escarpolette et rubans ; en bas à gauche, panneau de mosaïque d’inspiration romaine  de Tunisie ; en bas à droite, reliquaire de confection personnelle (verre, carton, bois et peinture à l’huile)

 

2002 : Castelnou, beau village de France, toujours en cette terre catalane.

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche, Vue de Castelnou ; à droite moi-même au chevalet (2003)

En ce milieu de vie, j’ai l’impression d’avoir renoué les fils de mon existence. Fasciné par les artistes baroques et classiques à l’âge de 10 ans, conquis par ceux des mouvements surréaliste et hyperréaliste à 20 ans, il ne manquait plus qu’un ciment à ces tendances, catalysant un style que le divin JACQUES POIRIER a su à merveille exploiter et transcender, et qui sonne pour moi le réveil de passions assoupies. Qui observe l’œuvre de cet artiste constatera ô combien le traitement de la réalité, le surréalisme raisonné et la prolifération baroque des objets jouent la partition d’un opus riche, flamboyant et didactique.
Éducatif, par son œuvre, ce Maître l’aura été pour l’apprenti que je suis ; élève spirituel du Maître, je le revendique. J’affirme néanmoins que de tous temps, chacun puise son inspiration de l’autre, la nourrit de ses affects. L’évolution de l’art pictural tient de la synthèse de nos influences culturelles et de notre personnalité, et de fil en aiguille ou plus exactement de couleur en pinceau, l’art a tracé sa voie du rupestre à l’académique, de l’ethnique à l’abstrait.

Dès cette date, après avoir abandonné mon activité de podologue que je pratiquais deux jours par semaine afin de mener de front ma raison professionnelle et ma passion, se succéderont donc dès lors de nombreuses expositions dans cette galerie à Paris mais également à Saint-Tropez durant cette dizaine d’années riches en évènement et souvenirs.

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche « Acrostiche signataire » 22x16cm huile sur toile ; à droite « L’increvable guide » 41x27cm huile sur toile

Je menais, au propre, à bout de bras et de pinceaux un trompe-l’œil de chevalet classique pour ma plus grande satisfaction. Résidant depuis cette date dans les Aspres à Castelnou, joyau du pays catalan, à l’abri de son château médiéval qui domine la plaine du Roussillon, je continuais mon apprentissage sur cette terre méditerranéenne, et m’évertuais à faire chaque jour plus fécond de promesses créatives.

« Hommage au maître » 116x89cm huile sur toile

2008 : Malheureusement ou heureusement, Le cadre strict du trompe-l’œil de chevalet et ses dogmes finissent par  m’oppresser ; il ne suffit plus à mon inspiration qui, riche de la technique propre au trompe-l’œil de chevalet, veut aller découvrir de nouveaux horizons : une palette plus colorée, des matières plus immaculées, des conceptions en apesanteur, des transparences, des reflets, une économie d’objets, en somme un peu plus de légèreté, de fraicheur, de modernisme.
Un peu plus certes, mais un tournant en épingle qu’il s’agit de maitriser sous peine d’une sortie de route. Il s’agit en définitive d’une remise en question de ses influences et d’une acceptation à rompre le carcan dogmatique d’une spécialité artistique afin d’accoucher d’un style plus personnel. Période délicate où il faut s’affirmer rapidement et produire une œuvre cohérente sur la scène professionnelle. La peinture est un paquebot et sortir du cap prévu nécessite d’appréhender la nouvelle trajectoire avec beaucoup de recul ; ce fut pour moi une période de doute !

« A bon port » 41x33cm huile sur toile

2010 :Après ces aléas « psycho-artistiques », une plus grande liberté mieux assumée auprès de mes pairs m’a permis de m’orienter, entre autre, vers un style artistique revisité m’amenant par la main vers le pop surréalisme à l’iconographie populaire et vers l’imagerie d’Epinal. En ce sens mon œuvre prend résolument ses racines dans une forme de culture populaire poético surréaliste.
Toujours dans la veine de ce mouvement, et dans l’exubérance de la créativité, je me suis mis à réaliser de petites sculptures sous forme de bustes en costume d’époque représentant des animaux mais aussi des personnages oniriques. J’oserais nommer cela avec prétention … le nouvel art contemporain pop iconographique pour les érudits en mal de définitions et avides de références intellectuelles. Ces sculptures de terre cuite issues de modelage m’accaparèrent deux ans mais j’avoue mettre usé à leur difficile promotion nécessitant un investissement financier dans des réalisations de bronzes onéreux.

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche, « La chasse aux cupidons » 61x50cm huile sur toile ; à droite, « Sieur Aries » bronze h22cm

2012 : la tempête ; je quitte pour des raisons sentimentales ma terre natale, celle qui de l’âge de 9 ans à mes cinquante ans révolu virent mes années s’écouler comme sable dans sablier ! Finit la mer qui m’a toujours accompagnée ! Finit mon beau village médiéval au rempart protecteur ! Du bonheur et un traumatisme qui m’a fait comprendre combien quitter sa terre peut être déstabilisant ; ce sera ma grande révolution picturale et mon affirmation dans ce nouveau style que ma nouvelle compagne m’aidera à concrétiser par ses conseils avisés. Ma peinture se féminise et s’adoucie. Une nouvelle ère se dessine ! Mon nouvel écrin de vie et catalyseur artistique : Angoulême.

« Auto tamponneuses » 46x33cm huile sur toile

2016 : ou plus exactement, fin 2016, la mort de ma mère, évidement un traumatisme qui me permettra de relativiser toute l’énergie, la force vive de la créativité, le désir de reconnaissance, l’égo du peintre. La conscience de la vulnérabilité de l’être, de sa projection dans le temps, de l’inutilité d’une forme de projet artistique que l’on pourrait appeler la carrière et dont on pèse le ridicule face à l’épanouissement d’une vie où le spirituel représente l’essentiel de notre profonde réalisation.

« Objets animés, êtes vous l’âme  ou l’autoportrait posthume » 50x65cm huile sur toile

Mon art ne change pas à proprement parlé de style mais ma manière de l’appréhender se trouve bouleversée. D’une tendance longtemps refoulée puisant dans le pop surréalisme initié par le américains du nord où la puissance maléfique des attributs morbides m’attirait et dont je me réservais le désir secret de futures réalisations, je me suis aujourd’hui et cela en quelques mois détourné de manière sensible de ces inspirations et aspirations qui, somme toute, attiraient vers le bas  mes penchants naturels constituants ma structure psychique inavouée ; par un retour dans le temps , par le passé, par mon enfance et mon adolescence, j’ai redécouvert les grands artistes gothiques, de la renaissance, du 17et du 18ème siècles, mais également de la fin du 19ème où le savoir faire n’avait d’égal que la conscience élevé de leur apprentissage et la puissance de leur génie créatif. Une forme de beauté éternelle dont, je suis convaincu, certains critiqueront le terme qu’ils jugeront liée à une culture occidentale et une éducation bourgeoise ! Mais que voulez-vous, on ne se refait pas … ou si difficilement.

Plus le temps passe, plus mon intime égo artistique diminue ! Je suis heureux de constater la modestie combattre avec philosophie cet égo revêche ! Cette approche spirituelle nouvelle qui infuse en moi et la caducité de mon existence et de mes désirs matériels réclament en mon for intérieur une peinture toujours plus douce, plus tendre, plus empreinte de sentiments d’amour et de gratitude. Une peinture récréative, sans prétention, d’un rayonnement apaisant, souriant et bienfaisant. Celle qui aurait la prétention d’apporter juste un plaisir simple mais vrai aux regards.

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche, « Pâtisseries et confiseries font bon ménage » 35x27cm huile sur toile ; à droite « Un thé chez les fous » 60×60 cm huile sur toile

2017 : toujours empreinte d’une douceur exacerbée, ma peinture ne se dément pas de ce postulat : douceur, tendresse et puérilité ! Au risque d’être traité de niais, ma bonhomie picturale ne cesse de s’accroitre, de s’affirmer et l’engouement du publique lors de mes manifestations en salons ou galeries d’art confirme l’intérêt d’une demande de simplicité, de lisibilité et de bonté. Mes peintures se réduisent en dimensions de manière drastique et je m’étonne de devenir quasiment un miniaturiste ! La forme en médaillon est en voie de devenir ma signature et toutes les occupations, jeux et détentes des enfants sont exploités et déclinés, toutes les gourmandises qui nous ont fait et font rêver sont répertoriées et illustrées, tous les rapports animaux engendrant théoriquement une animosité comportementale sont transformés en attitudes d’amitiés et de bienveillance ; un hymne à la paix et au bonheur pour apaiser cœurs et âmes.

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche, « Le cochon d’inde aux cerceaux » 33x24cm huile sur toile ; à droite « Le lapin aux mignardises » 24x19cm huile sur toile

2019-20 : C’est la cause animale qui me préoccupe, cette dernière m’ayant toujours sensibilisée depuis mes jeunes années avec un point d’orgue lorsque je découvrais dans la première moitié de la décennie 1980 des photos de vivisection ; je me suis senti dès lors débiteur de ces êtres sensibles dont on ne faisait pas cas ; mais ce fut longtemps après à ma grande honte que je décidais que ce serait mon « combat » ; ma peinture représentant certes un hymne à la douceur et à la candeur, mais dorénavant une ode au genre animal où ces derniers n’imitent plus l’homme mais assument pleinement et en conscience les attitudes que je leur accorde.

Parallèlement à ma peinture, après quelques cours de manipulation de Photoshop, je me suis mis à réaliser des projets graphiques pour de futurs dérivés artistiques : posters, cartes postales  porte-clefs, chiffons à lunettes, mugs et magnets. Une manière très ludique d’étendre ma créativité.

 

 

 

 

 

 

 

 

Dérivés cartes postales et posters

L’année 2020 c’est aussi mes vingt dernières années à vivre, le dernier quart de mon existence. Il me reste tant à faire et à illustrer ; et pourtant, ces années qui filent et qui me rapprochent de la mort m’éloignant d’autant de ma jeunesse défunte exacerbent ma créativité. Sans descendant, je suis sur un chemin qui se perd dans la lande où je sème aux quatre vents mes peintures en mémoire de moi. Je sens que mon corps me prévient doucement que l’avenir ne me permettra plus de travailler de la même manière qu’en ces belles années d’insouciance. Je n’ai pas peur de la mort, ou peut-être cherché-je en m’en convaincre ? Mais je crois que cette dernière s’est invitée doucement dans mon existence ; ce n’est plus cet épouvantail qu’en a fait cette société consumériste et aseptisée mais probablement une amie salvatrice, solution au naufrage final.

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche « Lérots aux bombons anglais et berlingots » 33x24cm huile sur toile ; à droite « Le hussard à la monture immaculée » 33x24cm huile sur toile

Cette maturité m’avait amené à me retourner sur mes passions d’antant : les illustrés et les dessins animés de mon enfance ; force était de constater l’influence que ces derniers avaient pu avoir sur mon art.

Détail de  »Véculand ou si Disney m’était conté » 116x89cm huile sur toile

Tant d’auteurs qui avaient le goût de l’œuvre bien tournée, aux contours précis, aux modelés généreux et à la lisibilité parfaite ; une époque encore sous le « régime d’une figuration classique » avec la ligne claire en BD, les Tex Avery, les Walt Disney en dessins animés, notre chère « Martine » en illustration, oui, nous sommes aujourd’hui bien loin de cette esthétique qui perdura jusqu’aux années 80 et marginalement au delà.

2023 : C’est paradoxal ! Longtemps j’ai rêvé d’entrer dans des galeries d’art pop surréaliste ou lowbrow, rares en Europe, exceptionnelle en France, relativement nombreuses aux USA. J’avais, dans cette perspective, réalisé il y a une dizaine d’années une série de peintures adaptées à ce style particulier ; style, il faut le dire très large dans son acception allant du kitch enfantin aux couleurs pastelles et nuances évanescentes à un monde morbide et satanique ou féérique où contes et fables se révèlent dans des ambiances oniriques. Malheureusement pour moi, au alentour des années 2008, la seule galerie possédant deux antennes à Londres et à Berlin m’acceptant pour une collaboration future fit faillite avant même que je puisse envoyer mes toiles. Plus tardivement, une autre galerie de lowbrow sur Rome fait appel à moi pour collaborer : la galerie fit faillite également ! Entre temps, mon style évolue et mes recherches de déploiement artistique changent. J’abandonne ce désir pour me concentrer sur d’autres stratégies d’exposition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche « Cernunnos, maître de la nature  n°1» 55x46cm huile sur toile ; à droite «Les hérauts de l’Unselly court » 41x33m huile sur toile

Toutefois, c’est lorsque l’on ne s’arcboute plus que les choses vous sont offertes ! Il s’avère que récemment deux galeries de pop surréalisme simultanément me contactent pour travailler avec elles. L’une au Portugal et l’autre aux USA : le monde est ainsi fait que lorsque l’on désire on vous repousse, mais que lorsque l’on lâche prise, on obtient ! Le plus drôle, c’est que la peinture que je destinais à ce type de galerie il y a une dizaine d’années ne m’a pas été demandée mais tout simplement a été désiré par ces galeries la ligne magique-réalisme que je réalise actuellement ! le monde est si simple, il suffit de le laisser s’épanouir .

 

Moi, quelques décennies d’existence …

La suite au fil des années …